2024
De l’art sonore au paysage sonore : une démarche de recherche-création pour concevoir et évaluer des installations sonores dans l’espace public 
Auteur·rice : Valérian Fraisse
Directeur·rice·s : Nicolas Misdariis, Catherine Guastavino
Discipline : Acoustique
Date de soutenance : 27/11/2024
Établissement : Sorbonne université
École doctorale : École doctorale Sciences mécaniques, acoustique, électronique et robotique de Paris (2000-....)
Jury : Claudia Fritz (président·e), Cécile Regnault
Rapporteur·euse·s : Ilja Frissen, Jordan Lacey, William J. Davies
Résumé :
L'expression artistique à travers le sonore a toujours fait partie de nos villes, qu'il s'agisse de musique de rue, ou plus récemment d'installations sonores. Ces formes d'expression nous rappellent que le sonore n'est pas simplement une forme de pollution résultant du fonctionnement des villes, mais également une ressource pouvant avoir des effets tout aussi bien positifs que négatifs. La recherche sur le paysage sonore permet d'envisager cette réalité complexe, à travers une approche du sonore centrée sur l'humain dans la conception de nos villes. Alors que cette approche scientifique est bien établie, peu de démarches informées par la recherche sur le paysage sonore sont réalisées en pratique. En particulier, il y a eu peu de tentatives de proposer des méthodologies pour aider les artistes sonores à concevoir des installations sonores dans l'espace public, et seules quelques études ont trait à l'impact de ce type d'œuvres sur le paysage sonore urbain. Plus d'études sont nécessaires pour mieux comprendre la relation entre la conception d'une installation sonore et ses effets sur le paysage sonore, tout en fournissant aux artistes les ressources nécessaires pour évaluer systématiquement l'impact de leur œuvre avant et après déploiement. Pour combler cette lacune, cette thèse étudie la perception sonore des utilisateur·ices de l'espace public en présence d'art sonore à l'aide de méthodes mixtes combinant des enquêtes, des mesures acoustiques et des entretiens, sur site ou en laboratoire. Le premier chapitre de cette thèse se concentre sur une étude de terrain concernant la conception et l'évaluation de quatre installations sonores temporaires déployées dans un petit espace public urbain à Montréal, au Canada. Chaque installation a amélioré le paysage sonore, avec des points communs et des spécificités liées à des facteurs compositionnels et contextuels. Le deuxième chapitre présente une étude de laboratoire visant à informer la conception d'une installation sonore permanente qui sera déployée dans un espace public plus vaste à Paris, en France, à l'aide d'un outil de simulation du paysage sonore conçu à cet effet. Les résultats ont validé l'outil de simulation et mis en évidence trois composantes pertinentes pour évaluer des installations sonores : l'agrément, la familiarité et la variété. Quant aux compositions, leurs effets sur la familiarité et la variété étaient plus fort lorsque les esquisses impliquaient des sons abstraits (qui n'étaient pas clairement identifiables). Le troisième chapitre porte sur l'évaluation en laboratoire d'une autre installation sonore permanente impliquant des sons évoquant la mer, actuellement déployée dans un petit espace public urbain à Montréal. Les résultats indiquent que certains sons naturels peuvent être bénéfiques pour le paysage sonore préexistant, mais qu'un compromis doit être trouvé entre caractère évocateur et congruence : les sons les plus évocateurs ont également été perçus comme les moins agréables parce qu'incongrus. Cette dissertation apporte des contributions théoriques, méthodologiques et pratiques. Les études ont permis d'examiner la relation entre la nature d'une composition et son impact sur le paysage sonore, tout apportant des nuances quant à l'ajout de sources sonores génériques - telles que les chants d'oiseaux et les sons de cours d'eau. En outre, ces études ont conduit au développement d'une méthodologie reproductible et flexible pour la conception d'installations sonores dans l'espace public, sous la forme d'un cadre de collaboration de recherche-création en quatre étapes. Des outils méthodologiques ont été proposés pour chaque étape, avec notamment un outil d'analyse du niveau sonore, un outil de simulation du paysage sonore et un questionnaire. Enfin, les collaborations ont fourni des données inestimables aux artistes sonores dans leur processus de création et ont constitué un moyen de promouvoir leur travail auprès des pouvoirs publics.