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Les tables d’orientation du Touring Club de France (1903-1960): Pratique et connaissance du paysage par les images 
Auteur·rice : Rachel Floch girardeau
Directeur·rice·s : Nathalie Simonnot, Armand Behar
Discipline : Architecture
Date d'inscription : 31/08/2021
Établissement : université Paris-Saclay
École doctorale : Sciences Sociales et Humanités
Résumé :
Tout promeneur a certainement déjà pu trouver, au sortir d'un chemin dégagé, au bord d'un plateau ou au bout de l'ascension d'un sommet, une table d'orientation. Stèle marquant un parcours, la table d'orientation présente, sous la forme d'une dalle circulaire en lave émaillée faisant seuil vers une vue, un paysage peint et cartographié. Édifiées sur des hauteurs depuis la fin du XIXème siècle, les tables d'orientation s'insèrent dans un parcours au terme duquel le territoire est réduit et matérialisé dans une représentation synthétique. Nous nous intéressons plus particulièrement à un moment de production en grand nombre de ces tables par le Touring club de France (TCF) entre 1903 et 1960. Relevant d'une ambition générale de valorisation et de démocratisation du paysage français porté par cette association, les tables d'orientation s'inscrivent, dans un demi-siècle marqué par le développement du tourisme, dans le paysage français. Elles incarnent un mouvement de bascule au gré duquel le paysage se trouve à la fois saisi par la représentation picturale et photographique et unifié par l'expérience physique du déplacement. Si ces dispositifs sont insérés comme des points-clés, in situ dans un territoire, ils ont la particularité d'agir simultanément, in visu, en composant une représentation paysagère dans le temps même de la marche. Nous émettons l'hypothèse que la table d'orientation peut être envisagée comme un « édifice-image » qui, clôturant généralement un parcours, offre la garantie d'un partage du lieu, aussi bien dans sa dimension symbolique que concrète. Mais comment s'exerce concrètement ce partage à travers le corps en situation de l'arpenteur ? L'étude du fonds d'archives des tables d'orientation du TCF, associée à une démarche de conception de dispositif de vision sur différents sites, s'attache à comprendre et qualifier une expérience paysagère qui s'éprouverait comme une navigation parmi des images articulées dans l'espace et le temps. Composé des maquettes originales du dessin reporté sur le disque de lave des tables ainsi que de l'ensemble des documents préparatoires réalisés dans le cadre de leur conception, le corpus d'archive témoigne d'une forme de patrimonialisation active du paysage qui passe par son observation collective et par la réflexion de ses points-clés en des images spatialisées. Les témoignages matériels ayant présidé à la construction de ces tables (cartes, plans, schémas, lettres, croquis, photographies) attestent d'un partage de connaissances entre amateurs, habitants et acteurs professionnels ayant pour objectif commun de faire du paysage un territoire de projet. Les tables d'orientation relèvent, de leur conception à leur réception, d'une véritable discipline paysagère faisant de la vue un acte fondamental de dépassement des limites du visible. Cette recherche considère les tables d'orientation comme des appareillages impliqués dans la temporalité et l'espace de la marche. Intensificateurs et accélérateurs de vision, ces dispositifs auraient dès lors pour vocation d'ouvrir le paysage au-delà de lui-même, associant singulièrement espace et image.
